Category Archives: Migration

Une émission autour de la diversité

La Télé, chaine TV suisse romande, consacre depuis quelques temps l’émission Diversité aux thèmes en lien avec la migration et la diversité. accéder aux émissions

28.5.2013:  DIVERSITÉ: SANTÉ ET MIGRATION Pourquoi les migrants ont-ils plus de problèmes de santé? Avec Patrick Bodenmann

21.10.2013 : SANTÉ: FAUT-IL ADAPTER LES HÔPITAUX SUISSES AUX MIGRANTS? Les hôpitaux suisses doivent-ils s’adapter aux problèmes des migrants? Avec Patrick Bodenmann
14.10.2013 FEMMES MIGRANTES: LA DIFFICULTÉ DE LA RÉINSERTION Les femmes migrantes sont plus au chômage que les migrants et que les Suisses
25.6.2013 LANGUE D’ORIGINE: UNE TARE OU UN ATOUT?

Quel avenir pour l’apprentissage des langues maternelles des jeunes d’origine immigrée?
Soignants étrangers: les défis de la communication

31/03/14 : SOIGNANTS ÉTRANGERS: LES DÉFIS DE LA COMMUNICATION Soignants étrangers: source de méfiance pour les patients ?

Cultural Humility

Voici un nouveau concept que je découvre et qui rejoint tout à fait la vision des soins aux migrants telle que je l’ai apprise dans le cours “Approche des migrants” d’Appartenances, que j’ai pu développer dans ma pratique à l’Equipe Mobile Vulnérabilités et que j’ai présentée aux étudiants du module “Migration” de HESAV, en décembre passé.

L’humilité est l’attitude clé dans une relation soignant-patient migrant de qualité

La cultural humility a été utilisé comme “framework” pour le développemnt du curriculum d’enseignement des compétences transcuturelles en soins infirmiers aux Etats-Unis, comme décrit par Clark et al. dans Cultural Competencies for Graduate Nursing Education, J Prof Nurs. 2011 May-Jun;27(3):133-9. 2011 May-Jun;27(3):133-9   abstract ici

Sayantani Das Gupta , dans le Lancet, en 2008  s’inspire  pour sa “Narrative Humility” article ici , du terme de  Melanie Tervalon et Jann Murray-Garciace, ce qui m’amène à l’origine du concept de cultural humility, qui est né en 1998 en contraposition avec “cultural competency” ou“cultural sensitivity”, dans le but  d’aider les cliniciens à répondre aux besoins d’une population diverse. article ici

A propos des pères migrants

L’occasion de parler de paternité m’est donnée par la fête des pères ayant lieu aujourd’hui au Tessin, à l’occasion de San Giuseppe. Récemment  j’ai assisté à la conférence  “La paternité à l’épreuve de la migration” donnée par Jean-Luc Tournier et organisée par Appartenances en collaboration avec CHUV de Lausanne.

Tournier nous encourage à réfléchir aux façons d’accompagner ces pères, souvent issus des sociétés traditionnelles et se retrouvant totalement privés de leur dignité dans la société d’accueil occidentale, où ils perdent leur rôle de “chef de famille”, qui est repris plutôt par leur femmes…

Dans la société traditionnelle le père a un rôle social important. Il est le chef de famille, le nourricier et souvent aussi l’interface avec la société. Ce rôle est porté et renforcé par tous les membres de la famille et aussi par la communauté. Le rôle du père dans la société occidentale actuelle, ainsi que les attentes des membres de la famille vis-à-vis du géniteur sont très différents et valorisent plutôt l’égalité de l’engagement des deux parents envers la progéniture ainsi que l’expression des sentiments.

La migration, considérée par Tournier pas seulement comme une passage d’une frontière mais aussi comme un déplacement d’un milieu social à un autre à l’intérieur d’un même pays ( par exemple le passage de la ville à la campagne ou l’inverse), déplace les pères d’une société à une autre et les oblige à se soumettre à un processus d’adaptation qui est similaire au processus de deuil.

 En utilisant la méthaphore “le roi est tout nu”, Tournier décrit ces pères qui, ayant perdu leur rôle social de chefs de famille, sont envahis par la honte et l’impuissance, ce qui les amène à perdre leur dignité.

Les épouses, quant à elles,  s’en sortiraient en général beaucoup plus souvent gagnantes de la migration, aidées entre autre par leur facilité à s’exprimer et aussi par leur position “au devant de la scène” dont elles bénéficient dans la société d’accueil occidentale.   

Dans l’accompagnement des familles migrantes dans le milieu médical ou éducatifs, il convient donc de tenir compte de cette vulnérabilité particulière des pères et de mettre en place des interventions spécifiques et adaptées à leur besoins.

Lors d’un entretien il s’agira par exemple, plutôt que de leur demander d’exprimer leur sentiments, de leur donner notre vision de la situation et les laisser rebondir à cette lecture. Aussi, dans le choix d’accompagnement, il vaut mieux favoriser l’action, par exemple en petits groupes d’hommes,  plutôt que le dialogue. Et dernièrement, afin de favoriser un soutien par une personne de confiance, il faudrait aussi sans hésitation passer le relais à des “personnes de référence”, par exemple un Imam,  un collègue plus âgé, un “grand frère”.

Cette conférence était dédiée à Isabel Eirìz, responsable de la formation à Appartenances, décédée subitement le 3 mars 2014. Une pensée spéciale pour cette femme si vivante et enthousiaste, qui a contribué à me passionner de migration!